Tribune de 12/2023 Lettre ouverte à Raphaël Adam : il est temps de traiter les vrais problèmes de notre ville

La manifestation du 19 novembre au parc sud pour protester contre la remise en liberté du policier auteur du tir mortel sur Nahel a sonné comme un douloureux rappel de la situation de Nanterre. Dans le même temps, la politique politicienne est la réponse de la majorité municipale : Mettre en accusation l’État pour tous les échecs de la ville, promouvoir les assises de la ville comme seule réponses aux enjeux, organiser la succession de maire à mi-mandat. Le nouveau maire, Raphaël Adam, lors de ses premières prises de position, a continué dans ce􀆩e lignée, polémiquant sur les lacunes de l’État au lieu de reconnaitre l’étendue des changements à mener localement. Le nouveau maire propose principalement de continuer la construction de logements sociaux au lieu de répondre aux besoins en services publics des logements existants.

Nanterre est la ville de tous les possibles, avec son budget municipal mirifique (près de 2800 euros par habitant en budget de fonctionnement), sa situation géographique idéale, son récit de mixité, son bassin d’emploi (Nanterre compte plus d’emplois que d’habitants), ses talents et sa jeunesse (43% des nanterriens ont moins de trente ans) régulièrement distingués à l’instar de Feurat Alani, écrivain Nanterrien devenu célèbre.

Elle est pourtant une ville qui concentre les difficultés : l’une des pires villes d’ile de France en matière de décrochage scolaire (48% des Nanterriens n’ont pas atteint le niveau du bac), de chômage (14% – soit le double de la moyenne nationale), l’insécurité ressentie est deux fois supérieure à celles de toutes villes limitrophes, et la ville n’a pas vraiment d’unité et de mixité sociale, puisque les populations en difficultés et les populations aisées sont concentrées dans leurs « quartiers ». Il n’y pas de plan pour assurer une vraie transition écologique, qui permettrait aux quartiers les plus denses de moins souffrir du chaud l’été et du froid l’hiver. Enfin le trafic de stupéfiant gagne chaque jour du terrain, entrainant son lot de désespoir, de territoires de non droit et de criminalité.

Les vrais enjeux politiques sont pourtant urgents à Nanterre : cesser de confondre communautarisme et antiracisme ; ne pas nier la consistance de l’antisémitisme dans certains de nos quartiers-sans nier pour autant l’islamophobie croissante dans le débat public- ; régler la problématique du logement en cessant d’ajouter la misère à la misère avec le développement de nouveaux HLM concentrés dans les mêmes quartiers, tandis qu’ils représentent déjà en moyenne 60% des logements de Nanterre ; lutter frontalement contre les difficultés d’intégration par l’éducation, la formation continue et une politique de logement évitant la concentration des difficultés ; traiter frontalement la transition écologique, en commençant par une rénovation des bâtiments du parc social – au lieu d’annoncer que l’on repeint certaines rues, non continues, en pistes cyclables-….

Nous sommes à mi-mandat. C’est le moment ou habituellement on mesure l’avancement de ces mêmes mandats.

Nanterre n’a pas de police municipale promise par l’équipe Jarry, lors de son élection. Elle ne bénéficie pas d’une action structurante pour créer de la mixité, pour appuyer les enseignants dans la lutte contre l’échec scolaire, ou encore pour lancer un plan marshal pour la transition écologique, comme nous le demandons depuis 2020. Nous vivons tout cela comme une fuite à mi-mandat. En politique, deux demi-mandats ne valent pas un mandat. La politique se vit, dit-on, sur un temps long, qui dépasse la durée des mandats. A Nanterre, la majorité municipale, pour ne rien faire, fait de la non politique, à coup de mi-mandat.

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