Depuis 2020, nous ne cessons d’alerter les nanterriens sur la nécessité de faire évoluer le schéma directeur de l’aménagement pour notre ville et de réduire dans certains de nos quartiers la proportion d’HLM. Les politiques urbaines et de logement sont en effet au carrefour des politiques publiques et détermine notamment, le taux de réussite à l’école, la qualité de vie et celle de l’efficacité des services publics. Or, de mandat en mandat, la majorité municipale de Nanterre continue à densifier l’habitat de ses quartiers prioritaires. Elle continue donc d’y concentrer les difficultés en atteignant, dans certains quartiers, plus de 90% de logements sociaux et des taux de pauvreté dépassant 40%.
Ce faisant, la majorité municipale renforce durablement la précarité des populations qu’elle prétend aider, leur interdisant toute mobilité sociale. Elle décide d’y concentrer toutes les difficultés, alors que la moyenne générale de la ville de Nanterre est elle-même parmi les taux les plus élevés de décrochage scolaire, de chômage et de pauvreté en Ile de France. Cette situation se maintient sans se souci des difficultés qu’elle génère, par manque de courage politique et par une vision trop électoraliste. Aujourd’hui Nanterre compte en moyenne beaucoup plus que 50% de logements sociaux. C’est cette proportion qu’il convient aujourd’hui de réduire.
La Région Ile de France va proposer en 2024 un projet de schéma régional d’habitat et d’hébergement qui fixe, pour limiter la ghettoïsation, une limite à 30% de logements sociaux dans la région- contre 35% proposé par l’État-, en rappelant justement que les villes franciliennes ont plus que jamais besoin de mixité réelle et « non de rajouter de la misère sur la misère ». Ce schéma a vocation à s’appliquer, y compris à Nanterre.
Il y a toujours un fond de vérité dans les décisions prises par des instances comme la région ou l’État. Elles sont mues par des réflexions qui dépassent les communes et qu’il nous faut prendre en compte. Limiter à 35% ou à 30% le pourcentage de logements sociaux, dans un contexte où le nombre total de logement est appelé à s’accroitre, permet de constituer une mixité réelle et d’offrir à tous les franciliens un cadre plus propice à la mobilité sociale. Il permettrait aussi au maire de donner la priorité aux travailleurs de première ligne de sa ville et d’assurer à la présence de davantage de services publics, dans le contexte de crise du logement que connait notre ville.
Nous sommes bien conscients qu’un changement de cap trop radical est difficile à mener. Il aurait fallu changer de cap depuis plusieurs années, se laisser le temps d’évoluer en accompagnant les plus fragiles, anticiper les changements nécessaires imposés de son côté par les évolutions du climat. Nous aurions préféré que Nanterre puisse s’imposer à elle-même les contraintes nécessaires, progressivement, en cohérence avec son histoire et sa population. Au lieu de cela, et face à une politique irresponsable et électoraliste des majorités municipales qui durent depuis trop longtemps, c’est encore une instance globale qui va imposer ses règles, intervenir sur notre territoire sans en mesurer complètement les impacts et en réajustant brutalement les équilibres à Nanterre.
Il faut y prendre doublement garde, car les politiques successives ont aussi renforcé le communautarisme, et les populistes de droite et d’extrême droite s’appuieront sur les errements de la politique urbaine menée à Nanterre, sur le sentiment d’insécurité, pour en tirer des conclusions xénophobes.
Face à ces comportements inacceptables, la seule solution n’est pas, comme le dit le maire de Nanterre, de taire les difficultés, mais bien de reconnaitre l’échec de sa politique urbaine…et de la changer !